Formalités d’entrée aux Etats-Unis : l’ESTA et les différents visas

Le secteur touristique américain est porté chaque année par quelque 79 millions de visiteurs étrangers venus découvrir la diversité des paysages du Pays de l’Oncle Sam, les nombreux lieux de divertissement, les road trips dans les routes légendaires, les grandes métropoles et des lieux culturels d’exception. Le tourisme aux États-Unis a connu une croissance rapide à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Dans les années 1850, le tourisme aux États-Unis était bien établi à la fois comme activité culturelle et comme industrie. New York, Chicago, Boston, Philadelphie, Washington et San Francisco ont été les premières grandes villes touristiques américaines à la fin du 19e siècle.

La démocratisation des voyages s’est produite au début du XXe siècle, avec la démocratisation progressive de l’automobile. Mais c’est le transport aérien qui révolutionnera le secteur après la Deuxième guerre mondiale. Pour encourager les ressortissants de pays « amis » et « à faible risque », les Etats-Unis ont lancé le Programme d’exemption de visa à la fin des années 1980, afin d’attirer des touristes affichant un certain pouvoir d’achat. Aux États-Unis, le tourisme fait partie des trois plus grands employeurs dans 29 États. En 2018, la ville de New York est la destination la plus visitée aux États-Unis, suivie de Los Angeles, Orlando, Las Vegas et Chicago. Voici tout ce qu’il faut savoir sur les formalités d’entrée aux Etats-Unis : Programme d’exemption de visa (VWP), autorisation ESTA et différents visas.

Le visa waiver program (VWP) : voyager aux Etats-Unis sans prise de tête

Les voyageurs étrangers qui souhaitent se rendre aux Etats-Unis d’Amérique hors motif d’immigration devront passer par l’une des deux procédures suivantes, selon leur profil : suivre la procédure classique de demande de visa selon le motif de leur voyage, ou passer par le Programme d’exemption de visa ou visa waiver program (VWP) s’ils disposent d’un passeport délivré par un pays exempté de visa.

Le visa waiver program a été pensé au milieu des années 1980, avant d’entrer en vigueur à la fin de cette même décennie avec l’exemption de visa pour tous les citoyens du Royaume-Uni dans un premier temps. Ce dispositif souple destiné à éliminer les complications bureaucratiques et les lenteurs administratives à un certain profil de voyageur souhaitant se rendre aux Etats-Unis visait à doper les recettes touristiques américaines et à donner une plus grande exposition à la culture américaine et au modèle capitaliste dans un contexte de Guerre froide avec l’Union Soviétique.

Le visa waiver program sera par la suite étendu aux ressortissants japonais, avant d’inclure de nombreux pays européens, notamment membres de l’Union européenne et/ou de l’OCDE, des petits pays riches (Andorre, le Liechtenstein, le Luxembourg, Saint Marin, le Sultanat de Brunei), etc. Aujourd’hui, le VWP concerne les ressortissants de 39 pays, la Pologne étant le dernier membre en date (janvier 2020). Si le visa waiver program a réussi l’ensemble de ses objectifs, il a souvent été épinglé pour son laxisme et pour le manque de contrôle des étrangers entrant aux Etats-Unis sans visa. Ces critiques trouveront écho dans l’opinion publique américaine au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, poussant ainsi le gouvernement du président Georges W. Bush à suspendre le VWP ou à le modifier. C’est ainsi que naîtra le système électronique d’autorisation de voyage, ou ESTA. Depuis 1987 et jusqu’à la fin de l’année 2009, les ressortissants des pays du VWP pouvaient se rendre aux Etats-Unis sur simple présentation d’un titre de voyage valide. Mais au début de l’année 2010, ils devaient désormais présenter une autorisation de voyage électroniquement liée à leur passeport, sous peine de refus d’embarquement ou de refoulement à l’aéroport (ou au port) de destination.

L’ESTA : voyager aux Etats-Unis sans visa

Le système électronique d’autorisation de voyage (ESTA) est vise à automatiser et à rationaliser le processus de sécurité et de contrôle aux frontières pour les voyageurs admissibles arrivant aux États-Unis dans le cadre du programme d’exemption de visa. L’ESTA vient donc mettre en œuvre les recommandations formulées par la commission « 11 septembre » afin que les voyageurs provenant de pays « à faible risque » puissent être admis aux USA avec des exigences moins strictes que les voyageurs en provenance d’autres pays à risque plus élevé. En somme, il s’agissait d’augmenter le niveau de contrôle des voyageurs exemptés de visa sans pour autant les décourager à se rendre aux Etats-Unis, ce qui explique le fait que la procédure se déroule entièrement en ligne (sans entretien à l’ambassade ou au consulat). En plus de l’ESTA « touristique » et l’ESTA « voyage d’affaires », les ressortissants exemptés de visa peuvent demander l’ESTA transit pour passer par un aéroport américain avant de se rendre vers une autre destination.

Le Services des douanes et de la protection des frontières américaines est chargé d’interdire l’entrée sur le territoire à tout individu susceptible d’enfreindre les lois sur l’immigration et/ou de constituer un risque pour la sécurité intérieure, quand bien même il disposerait d’un visa valide ou d’une autorisation de voyage électronique ESTA. Heureusement, les cas de refoulement des voyageurs « en règle » sont rares, pour ne pas dire rarissimes. L’ESTA n’est finalement qu’une extension du programme d’exemption de visa qui existe depuis 1987. Il s’agit d’une exigence supplémentaire selon laquelle les visiteurs doivent obtenir une pré-autorisation avant leur départ pour les États-Unis par voie aérienne ou maritime. Les passagers peuvent réutiliser la même autorisation ESTA pendant deux ans à compter de la date de délivrance, à condition qu’elle n’expire pas entre temps, pour l’une des conditions suivantes :

  • Expiration du passeport auquel l’ESTA est électroniquement liée avant la fin des deux ans de validité de l’autorisation de voyage électronique ;
  • Révocation de l’autorisation de voyage électronique ESTA par les autorités américaines. Cela peut arriver si vous dépasser la durée de séjour autorisée (90 jours), si vous exercez une activité professionnelle rémunérée sur le sol américain (l’ESTA ne permet pas cela), si vous commettez un crime, si souffrez d’une maladie contagieuse, si vous voyagez dans un pays blacklisté par les Etats-Unis d’Amérique (Iran, Irak, Syrie ou Soudan), etc.

Depuis 2010, les compagnies aériennes sont obligées d’exiger l’autorisation de voyage électronique ESTA lors de l’enregistrement en imposant des amendes en cas de manquement. La même année, certains règlements exigeant la révocation de certains titulaires en raison de leur double nationalité dans certains pays ont été adoptés avec des réactions controversées de la part des pays concernés.

Le programme d’exemption de visa « corrigé » par l’ESTA fonctionne en pré-approuvant automatiquement les demandeurs retenus sur la base d’un large éventail de questions. Les pays éligibles doivent avoir des antécédents de voyage de leurs citoyens qui ne posent pas de problèmes de sécurité pour l’Amérique. Par exemple, les pays dont les citoyens ont été impliqués dans des attaques et d’autres formes de compromission de la sécurité intérieure sont exclus du programme d’exemption de visa.

Les pays « éligibles » au visa waiver program devraient également présenter de faibles niveaux de risque dans leurs contextes nationaux respectifs, que ce soit sur le plan économique, politique ou sécuritaire. Cette condition visa à empêcher les citoyens étrangers d’immigrer illégalement aux Etats-Unis en usant des facilités et de la souplesse du programme d’exemption de visa. En plus des exigences de sécurité, les pays doivent avoir de bonnes relations diplomatiques avec les Etats-Unis et « offrir » des avantages stratégiques pour les USA. En raison du processus de qualification strict, seuls 39 pays participent actuellement au programme d’exemption de visa de l’ESTA.

Le rythme d’ajout de nouveaux membres au visa waiver program a progressivement baissé dans les années 2010. Le dispositif s’est généralement contenté d’ajouter les pays ayant rejoint l’Union européenne dans ses différents élargissements. De pays comme l’Argentine et l’Uruguay ont même été exclus du Programme d’exemption de visa, car leurs ressortissants avaient tendance à dépasser la durée maximale de séjour aux Etats-Unis. Vous avez des interrogations ? Nous traitons toutes vos questions ESTA dans notre FAQ.

Les différents visas pour se rendre aux Etats-Unis

Il existe deux principaux types de visas américains : les visas d’immigrant et les visas de non-immigrant. Les principales différences entre les deux types de visa résident principalement dans le but du voyage et la durée du séjour. Un ressortissant étranger qui souhaite vivre aux États-Unis indéfiniment doit faire la demande d’un visa USA d’immigrant. Toute personne voyageant à court terme pour le tourisme, les affaires, les études, un travail temporaire, un traitement médical, visiter la famille ou autres motifs apparentés devra demander un visa de non-immigrant.

Comme pour l’ESTA, l’obtention d’un visa ne donne pas automatiquement le droit d’entrer aux États-Unis. Il s’agit simplement d’une preuve attestant qu’un fonctionnaire du consulat ou de l’ambassade américaine de votre pays a jugé votre demande recevable. C’est à l’agent du Service des douanes et de protection des frontières de décider, au point d’entrée, si vous pouvez être autorisé à entrer aux États-Unis en vertu des lois sur l’immigration.

Les ressortissants étrangers qui se rendent aux États-Unis dans le but de s’y installer peuvent bénéficier d’un visa d’immigrant. Ces demandeurs doivent d’abord déposer une demande auprès des services américains de la citoyenneté et de l’immigration (USCIS). Les demandeurs ayant des compétences « extraordinaires » et les investisseurs auront plus de facilités en ce sens. Plusieurs types de demandes de visa entrent dans la catégorie des visas d’immigrant :

  • Les parents, conjoints et fiancés de résidents permanents légaux et de citoyens américains peuvent demander un visa familial ;
  • Les personnes qui souhaitent adopter des orphelins de l’étranger peuvent demander un visa d’adoption internationale ;
  • Les investisseurs disposant d’un capital minimum d’un million de dollars (ou de la moitié de ce montant s’ils investissent dans une région défavorisée) peuvent demander un visa d’investisseur ;
  • Les employeurs qui souhaitent faire travailler un certain nombre de travailleurs américains à travers un investissement.

Une fois approuvée, la demande est transmise au consulat local ou à l’ambassade à l’étranger, où le visa d’immigrant est délivré. L’immigrant doit alors porter le visa aux États-Unis et le présenter à l’agent du CBP au point d’entrée.

Les ressortissants étrangers qui prévoient de faire un court séjour aux États-Unis pour des raisons touristiques, médicales, de travail temporaire, d’affaires ou d’études doivent demander un visa de non-immigrant. Une demande sera exigée, accompagnée de justificatifs qui varieront selon le but du voyage et le type de visa demandé. Les étudiants, les touristes et les voyageurs d’affaires peuvent faire leur demande par l’intermédiaire de leur consulat ou ambassade locale. Les voyageurs d’affaires qui souhaitent assister à des conventions, des réunions ou des négociations de contrats aux États-Unis peuvent demander un visa de visiteur (B-1). Les étudiants qui sont acceptés dans un programme scolaire ou un parrainage aux États-Unis peuvent demander l’un des visas suivants :

  • Visa d’étudiant si le cursus suivi est académique et diplômant (catégorie F) ;
  • Visa d’étudiant pour un cours à caractère professionnel (M) ;
  • Visa de visiteur d’échange (J) pour participer à des programmes d’échange homologués.

Les touristes, les personnes voyageant pour des soins médicaux et les étudiants qui n’entrent dans aucune des catégories ci-dessus (par exemple, s’il s’agit d’une formation courte sans diplôme) peuvent demander un visa de visiteur (B-2), également appelé visa de touriste. Les voyageurs qui font escale aux USA pour se rendre vers d’autres pays auront besoin d’un visa de transit (C).

En fonction de l’objet de leur voyage, les demandeurs peuvent être éligibles à plusieurs autres types de visas, notamment :

  • Le programme de diversité, par exemple, est ouvert aux citoyens de divers pays historiquement « peu représentés » aux États-Unis. L’inscription à l’un des deux programmes, le DV-2021 ou le DV-2022, est gratuite ;
  • Les fonctionnaires, certains responsables militaires, le personnel de l’UE ou de l’UA, ainsi que les membres de leur famille immédiate ou les personnes à leur charge peuvent demander un visa A-2 ;
  • Les visas de type G-1 à G-4 peuvent être délivrés aux personnes qui travaillent pour des organisations internationales, y compris les fonctionnaires et leur famille immédiate. Le visa G-5 peut être délivré aux employés personnels d’un titulaire de visa G-1 à G-4. Les représentants nationaux, le personnel de l’OTAN et les membres de leur famille immédiate peuvent demander un visa de type OTAN-1 à OTAN-6. Leurs employés personnels peuvent également obtenir un visa OTAN-7 ;
  • Les voyageurs qui remplissent les conditions pour un visa de travailleur religieux temporaire (R-1) doivent avoir officié pendant au moins 2 ans pour la même organisation religieuse qu’ils prévoient de servir aux États-Unis.

Si vous voulez en savoir plus sur l’ESTA: